Histoires de la Chapelle

Voici, une histoire singulière relatée par le Dr du Rosel, descendant des batisseurs de la Chapelle Saint-Louis de Vire Normandie :

« JE FAIS UN RÊVE…

Je suis médecin au Centre hospitalier de VIRE depuis 2006, président de la commission médicale d’établissement et membre du conseil de surveillance et le devenir de l’orgue Cavaillé-Coll tout comme le devenir du bâtiment St Louis construit par mes ancêtres dès 1632 m’émeut.

Tout commence avec Claude du ROSEL prêtre, abbé, baron de Saint-Sever, grand doyen de Lisieux, grand archidiacre de Rouen, prieur de l’Hôtel-Dieu de Vire, doyen de Mortain, conseiller du roi en son parlement de Normandie, collecteur des dîmes et des tailles des paroisses de Saint-Germain-de-Tallevende, Vaudry, Notre-Dame de Vire, Roulours, Courson, Saint-Sever, Sainte-Marie-Outre-l’eau, Saint-Georges, Sainte-Marguerite et Beauficel.
Il avait un frère Michel du ROSEL, mon aïeul et une sœur AVOYE du ROSEL née en l’an 1571, morte à l’âge de 104 ans le 25 mars 1675.
Claude aide sa sœur, Avoye, à fonder le monastère des Dames religieuses Ursulines de Vire, et où elle mourut. Il lui octroya une rente de 600 livres. Son père Jean du ROSEL, seigneur de VAUDRY lui donne 400 livres de rente.
En 1632 AVOYE achète les bâtiments dits de la Courtorenge situés à l’emplacement de l’hôtel de ville actuel pour fonder les Ursulines à Vire. Leur mission est d’accueillir des jeunes filles qu’elles étaient chargées d’éduquer. Le succès de cette entreprise fut très grand. Avoye rendait souvent visite aux malades de l’hôtel Dieu dans le centre ville.
En 1667 pour satisfaire aux besoins grandissants en pensionnaires et religieuses, ces dernières firent l’acquisition d’un vaste terrain nommé les champs Serais, rue du haut chemin, pour y construire un nouveau couvent. C’est le bâtiment appelé actuellement « St LOUIS ». On y posa rapidement la première pierre d’une église.
Avoye meurt dans sa chambre à Courtorenge et fut enterrée dans la chapelle St LOUIS. Malheureusement sa tombe fut profanée et les inscriptions mutilées en 1792 à la révolution.
En 1678 s’achève les travaux de la chapelle avec sa consécration en 1697.

Arrive la révolution. Les Ursulines doivent quitter Vire en 1789 et se réfugier à Avranches.

Dès 1791 tous les biens des Ursulines sont vendus par les révolutionnaires acquis par Jean-François DESMARAIS dit Grandchamp, négociant, ancien juge consul puis officier municipal (1792 à an IV) membre de la société patriotique. Le 19 octobre 1792 vente par adjudication de l’enclos, rue du haut chemin et butte, des Ursulines, comprenant notamment la chapelle, les bâtiments de la communauté, à la municipalité de Vire pour la somme de 1992 livres, qui destinait ces biens pour l’hôpital général et la commune de Vire.

En 1803 le couvent devint « l’hospice St Louis », desservi par les dames de St Louis de Caen il accueille des vieillards, des blessés de guerre, d’anciens militaires, des orphelins et des malades. C’est l’époque des salles communes.

En 1864 inauguration de l’orgue Cavaillé-Coll. Le buffet d’orgue du 18ème et l’orgue sont installés à l’initiative de l’abbé Dolé chapelain de l’hospice St Louis et grâce à la générosité de Mlle Polinière.

Aristide Cavaillé-Coll se fait connaître en remportant le concours ouvert pour la construction d’un grand orgue à l’abbaye royale de Saint-Denis. Cet orgue novateur, terminé en 1841, marque le point de départ d’une importante carrière.
Avec l’aide de son père et de son frère, il construit par la suite les orgues de nombreuses églises à Paris comme en province. Il réalise également de nombreux orgues à l’étranger.
Actuellement l’orgue Cavaillé-Coll de la chapelle St Louis de Vire est en mauvais état. Il a besoin de rénovation dont le coût approximatif est estimé à au moins 200 000€ avec en plus la rénovation de son « écrin » c’est-à-dire la chapelle.

Dans la chapelle St Louis on trouve de belles boiseries sculptées de style Régence qui ornent le Sanctuaire et une partie des chapelles latérales. Les autres murs des chapelles ont été recouverts de boiseries, œuvre du sculpteur virois Jacquot.
La partie de la chapelle située derrière la grille – réservée aux religieuses et aux hospitalisés présente un intérêt certain. Claude du ROSEL disait la messe dans la Chapelle et sa sœur AVOYE assistait à l’office avec les Ursulines de l’autre côté de cette grille.

Guy du ROSEL de St GERMAIN, mon père était élève à Jean EUDES et fit sa première communion dans la chapelle, il en fut même choriste.

1994 : Création de « l’association pour la restauration de la chapelle St Louis » sous l’initiative du Dr LION, du directeur du CH de Vire, Mr Georges MARTIN et de son président le Dr LEGOUPIL. En Mai 1995 au lieu un concert exceptionnel du pianiste argentin, engagé dans les droits de l’homme, Miguel Angel Estrella. L’association trouve ainsi sa nouvelle vocation et organise des concerts en faveur des personnes âgées. La chapelle St Louis devient parfois un lieu culturel et d’animation artistique. De 1995 à 2008 cinq concerts par an sont organisés.

1995 : la fin de l’hospice St Louis coïncide avec le départ des religieuses hospitalières de Notre Dame de la charité, congrégation qui demeure désormais à Lisieux (Firefolle).

Le 13 Juin 2006 : St Louis s’honore de la visite du ministre de la santé Mr Xavier BERTRAND en compagnie du député-maire de Vire Mr Jean-Yves COUSIN.

Le 2 Juillet 2006 : Visite de Michel DRUKER animateur vedette de télévision fils d’Abraham DRUKER médecin chef de pneumo-phtisiologie et généraliste de Vire.

Je peux vous dire aujourd’hui qu’en dépit des difficultés financières et des frustrations actuelles l’histoire de ce patrimoine crée par mes ancêtres et le devenir du bâtiment St LOUIS, de sa chapelle et de son orgue Cavaillé-Coll me touche et m’interpelle.

Une solution a été proposée avec l’évêché de Mayence en Allemagne afin d’être démonté, rénové et installé dans l’église d’une congrégation ursuline de cette Ville.
On ne peut pas reprocher à la population viroise ce sursaut d’intérêt pour son patrimoine. En d’autre temps il aurait croulé dans l’ignorance et l’abandon faute d’en être informé. Ce trésor vaut qu’on le conserve et lui donne un avenir à Vire. Des gens prestigieux s’en préoccupent comme M. LEFEVRE organiste titulaire de ND de Paris, Mr ROTH titulaire des grandes orgues de l’Église Saint-Sulpice de Paris le plus grand Cavaillé-Coll construit, Alain BOUVET organiste de St Etienne de Caen, Guy DESEGLISE président de l’association pour la restauration de la chapelle St Louis, Jess ESCHBACH professeur et spécialiste des orgues au sein du « College of music » de l’université du Nord Texas.
Le moratoire de 3 mois décidé par le Conseil de Surveillance de l’hôpital, au lieu de 6 demandés par l’Association pour la Restauration de la Chapelle St Louis est une bonne chose pour répondre à cette mission de préservation sur site.
Je fais donc le rêve que tous les virois, les descendants de la famille Polinière et les amoureux du patrimoine et les gens prestigieux cité au-dessus s’unissent pour le financement de la rénovation de la chapelle St Louis et de son orgue avant la fin mars 2021 et si j’avais les moyens j’achèterais cette partie de mon histoire ».

Mes sources :
– Chartrier familial du ROSEL de St GERMAIN à St Germain du Crioult.
– Archive départemental du calvados (AD).
– Ministère de l’instruction publique et des beaux-arts. LA VENTE DES BIENS NATIONAUX A VIRE (CALVADOS) par M.P. NICOLLE. Extrait du bulletin des sciences économiques et sociales du comité des travaux historiques et scientifiques, année 1911. Paris imprimerie nationale.
– Testament de Claude du ROSEL octobre 1630 (AD 14)